Sauvons l'école !
Sauvons l’école ! L’école française a très longtemps été un marqueur fort de notre identité républicaine, une source de fierté nationale qui a contribué au rayonnement de la France dans le monde.
Aujourd’hui, nous pouvons encore nous enorgueillir de compter, dans les rangs du système éducatif, des forces vives de la nation qui croient profondément à la noblesse de la transmission, au rôle sacré de l’instruction, et à la fonction émancipatrice et égalitaire de l’école républicaine. Ce sont les soldats, désespérés parfois, de la plus belle des causes qui en raison de renoncements, d’inertie et de présupposés idéologiques est en déclin. Car oui, notre système éducatif est en danger et, s’il y a une grande cause nationale qui s’impose, c’est celle qui apportera des solutions sérieuses à cet enjeu majeur pour notre avenir.
La situation de l’école jusqu’à l’université, traduit dans ses dysfonctionnements l’effondrement d’une société qui se réduit à l’apparence, au matériel, à l’absence d’effort pour mieux faire oublier les inégalités qu’elle engendre. Cette société démontre l’égoïsme d’une génération incapable de transmettre, qui se contente du minimum pour ses enfants et qui trop souvent, pour son confort, se défausse sur le corps enseignant pour éduquer plutôt qu’instruire. Elle souligne aussi le délitement du service public et les fractures profondes d’une nation qui ne fait plus corps.
Il est temps de se réveiller, de prendre ses responsabilités et de construire une société nouvelle qui tienne debout autour d’un contrat social qui aura l’éducation pour colonne vertébrale.
Voilà pourquoi je crois en l’école républicaine car elle est la garante de l’égalité des chances et du bon fonctionnement de l’ascenseur social.
Je crois qu’une société ne peut vivre, innover et se déployer qu’avec des valeurs et des savoirs transmis aux générations suivantes.
Je crois qu’il faut redonner à l’école la possibilité d’assumer sa mission : instruire ! Et non pas éduquer.
Je crois aux vertus du collectif qui intègrent les ambitions et les parcours individuels et réciproquement.
Rappelons-nous la leçon de Montaigne que l’Homme n’est singulier que lorsqu’il est pluriel.
Je crois aux passerelles entre le monde du travail et l’école, ce qui passe par la remise en question du collège unique.
Je crois à l’introduction du monde professionnel dans l’apprentissage de chaque discipline (par exemple, lors de cours de mathématiques, de musique ou d’arts plastiques au collège, avoir aussi à la rencontre des métiers autour de la matière etc.).
Je crois au respect de l’autorité de l’adulte, de l’enseignant qui est indissociable de la mise en œuvre de la plus stricte des disciplines. En latin, élève se disait « discipulus ».
Je crois en la méritocratie, surtout à partir du moment où tous les élèves disposent des outils nécessaires pour s’émanciper.
Je crois au questionnement, à l’écoute, au dialogue, à la critique.
Je crois à l’exigence car elle permet de valoriser les élèves, plutôt qu’un système où l’on se complait dans des modèles au rabais, où tout est sujet à négociation entre l’adulte et l’enfant, où tout est relativisé.
Je crois que l’école doit cultiver et non pas endoctriner.
Je crois que l’école ne doit pas donner en pâture les enfants à des mouvements de pensée sociétaux tels la « cancel culture ».
Je crois que tous les enfants ont droit à un cadre, à des limites, à des frontières. Je crois en l’éducation artistique et culturelle si elle est dispensée par des professionnels permettant d’accéder à la dignité et à l’excellence.
Je crois en une instruction physique et sportive culturaliste.
Je crois aux liens avec les collectivités locales.
Je crois au respect de tous par exemple des assistants d'éducation ou des atsem qui ont une vraie mission de service public, personnes indispensables sur lesquelles on fait aujourd’hui trop l’impasse.
Je crois à la laïcité.
Je crois qu’il faut lutter contre la technocratie.
Je crois que la nomination du ministre de l’éducation nationale ne peut pas relever du casting.
Je crois que 2027 doit reposer sur un nouveau projet de nation autour de l’éducation et des générations futures.
Je crois en une véritable direction des ressources humaines pour mieux cibler les missions de chacun.
Je crois en l'obligation de lutte contre tout type de violence et de discrimination à l'école.
Je crois en une école inclusive qui ne laisse plus une partie de ses enfants au bord de la route.
Je crois que le parent et l'école sont dans la nécessité de coopérer dans le respect de la place de chacun. Certains parents se comportent parfois comme s’ils étaient des « clients ».
Je crois au développement d'une culture humaniste où la notion de responsabilité est cruciale et résonne avec nos valeurs républicaines.
Je crois qu’il faut investir prioritairement et massivement dans l’éducation nationale car le bateau coule.
Je crois qu’il faut sauver l’école !
Pour cela, il faut remettre l’élu local au cœur du système. L’école est souvent située aux quatre vents de la politique, ce qui est souvent regrettable, otage des dogmes et champ clos des idéologies dans l’ère du temps. Mais paradoxalement, l’élu de proximité qu’est le maire se trouve exclu des débats. Quand certains veulent déconstruire l’école, ce sont les élus locaux qui veulent la reconstruire.
La République en France s’est fondée sur l’école et ce n’est pas un hasard. On ne retient guère les noms des présidents de la Troisième, en revanche, tout le monde se souvient de Jules Ferry.
L’école de la République a pour mission fondamentale d’instruire. Elle est aujourd’hui fortement entravée dans sa mission, l’école étant devenue le réceptacle des problèmes sociétaux. Crise de la cellule familiale, de la parentalité, déclin de l’autorité, du respect, violence endémique, entorse à la laïcité, incursion dans les programmes ou dans les politiques publiques du wokisme ou de ses avatars.
On demande aujourd’hui aux enseignants d’éduquer et non plus d’instruire, de remplacer souvent les familles, comme on demande aux collectivités durant le temps périscolaire de répondre aux carences dont souffrent les enfants (par exemple, certains enfants ne font qu’un repas dans la journée : celui de la cantine)
Si l’on veut redonner une chance à l’école, il faut sortir les problèmes de société de son périmètre et renvoyer à la collectivité la gestion de ce qui ne relève pas de l’instruction mais du climat social. C’est le seul moyen également de permettre à l’école de jouer le rôle d’ascenseur républicain.
1. Le maire, acteur central dans la résolution des problèmes de société hors de l’école. Pour cela il faut s’appuyer sur la figure centrale dans un territoire qui est à la jonction des problématiques de logement, de délinquance, de paupérisation : le maire.
Les « faits d’établissements », mot issu du sabir technocratique pour définir les perturbations qui vont jusqu’aux actes de délinquance ou de criminalité (voir la nomenclature édictée par l’éducation nationale), doivent être communiqués systématiquement au maire. Ce dernier doit agir, s’il est élu dans une collectivité de plus de 5000 habitants, ou au sein d’un EPCI regroupant des communes plus petites, en collégialité, dans le cadre d’un Conseil des droits et devoirs des familles devenu obligatoire (CDDF).
Le statut de l’élu doit être revu pour que celui-ci, pourtant magistrat municipal, puisse, avec les autres membres du CDDF, prendre des sanctions. Celles-ci pourraient être : exclusion du périscolaire ; expulsion du logement locatif social en partenariat avec le bailleur et les services sociaux puisqu’un logement public doit entraîner l’obligation de respecter ses devoirs. Le maire ou son représentant doit être présent dans les conseils de discipline des collèges et lycées de son territoire. Outre le cadre du CDDF, les contrats locaux de sécurité et de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CLSPDRI) peuvent aussi intégrer ces modalités lorsqu’ils existent, entraînant une décision collégiale avec ses membres (représentants éducation nationale, bailleurs sociaux, police –municipale et nationale-, parquet).
Le maire doit pouvoir coordonner les politiques d’intégration des migrants à la base (accueil, scolarisation, apprentissage de la langue, liens avec la vie associative). Outre les faits d’établissement, les directeurs, principaux et proviseurs d’établissements scolaires du primaire et du secondaire doivent automatiquement saisir le maire dans le cadre du CDDF rendu obligatoire pour les problématiques sociales qui touchent un enfant et ont un impact sur son cadre scolaire ou sur la vie scolaire de l’établissement (privation de soins, dyslexies, absentéisme, maltraitance éventuelle...).
Le maire se doit de porter soutien aux familles avec ses services et tous les partenaires pour la sécurité de tous les enfants en luttant contre tout type de violence. Il fait vivre le projet éducatif territorial et ainsi constitue le maillon fort d'une politique éducative efficace et de proximité.
2. L’école républicaine doit être un lieu neutre sur le plan politique et religieux. Plutôt que de débattre sur la taille des robes pour lutter contre le communautarisme islamiste ou sur la décence des vêtements, l’uniforme doit être rendu obligatoire : c’est le meilleur moyen de lutter contre l’instrumentalisation des tenues vestimentaires à des fins religieuses, tout comme assurer une meilleure égalité entre les enfants d’une école. Le sujet de la tenue vestimentaire n’est d’ailleurs pas uniquement religieux, c’est aussi une question de respect du cadre de l’école en général, et le fait d’endosser pleinement le « métier » d’élève.
Pour éviter que les idéologies politiques entraînent un révisionnisme et une lecture anachronique de notre histoire dans le cadre de l’enseignement, ou cancel culture ou stigmatisation des individus selon leur sexe ou leur couleur de peau, la charte de la laïcité devient une charte de la liberté de l’égalité et de la fraternité interdisant ces prises de position politique dans l’enceinte scolaire. Cette charte doit être opposable à tous et peut également être opposée à l’éducation nationale par les parents comme les parents peuvent se voir opposer cette charte par l’éducation nationale.
3. L’excellence pour tous, garante de la dignité pour tous. En prenant exemple sur le modèle finlandais, l’éducation artistique et culturelle doit s’envisager dès les premiers mois de la vie de l’enfant pour offrir un parcours d’éveil qui soit le premier jalon d’un parcours d’excellence. Pendant la scolarité de l’enfant, cet enseignement est dispensé par des professeurs de conservatoire, et peut être appuyé par les enseignants qui peuvent mettre en place des actions culturelles.
De même, il faudrait faire de la philosophie adaptée aux enfants en dernière année de maternelle, afin de les habituer au questionnement et au discernement, tout comme il faudrait travailler l’éloquence dès le plus jeune âge (c’est ce que l’on appelle depuis quelques années le travail sur le « langage oral », fort peu poussé alors qu’il s’agit du premier rempart qui crée des inégalités sociales.)
4. Tous les enfants ont droit à un cadre et à une instruction : il faut mettre fin aux ségrégations vis-à-vis des enfants porteurs de handicap. Le défaut de scolarisation touchant les enfants handicapés est scandaleux. Pour permettre leur accès à l’école, il faut augmenter massivement le nombre d’AESH et ainsi que leurs salaires. Il faut par ailleurs commencer par considérer l'AESH comme une profession légitime avec un statut comparable à celui d'un enseignant. En outre, devant la longueur de la procédure de recrutement d’un AESH par l’éducation nationale qui quand ce recrutement existe prend entre 4 à 6 semaines, mieux vaut confier la tâche à l’échelon communal pour une plus grande rapidité.
Pour les enfants trop lourdement handicapés, les structures type IME (instituts médico éducatifs) doivent pouvoir les accueillir : dans la pratique, ce sont surtout les adolescents qui sont acceptés au détriment des plus petits. La Cour d’appel de Versailles a d’ailleurs condamné l’Etat à ce sujet.
5. Instaurer un management de proximité afin de mieux accompagner et mieux responsabiliser. Il faut instaurer un nouveau statut du directeur d’école afin que celui-ci devienne un véritable chef d’équipe. Dans ce nouveau contexte, l’inspecteur doit uniquement évaluer les directeurs d’école. Ce sont les directeurs d’école qui bénéficiant de décharges supplémentaires, pourront évaluer et accompagner les enseignants.
Cette proximité justifie par ailleurs que l’évolution de la carrière d’un enseignant repose de nouveau sur une véritable évaluation propre à chaque fonctionnaire pour un avancement reposant sur les qualités et le travail fourni plutôt que sur l’avancement automatique d’échelons en raison de l’ancienneté.
6. Combattre la pesanteur bureaucratique. Il faut réformer le système par points : il est par exemple aberrant qu’un titulaire formé et compétent puisse se retrouver parachuté dans une autre région et y devenir remplaçant sans affectation. Il est également absurde que la masterisation obligatoire soit doublée d’un concours. Ce double outil de sélection inutile freine de nombreux candidats à qui on demande de faire cinq ans d’étude et d’ensuite passer un concours.
Par ailleurs, lorsqu’un professionnel avec une expérience utile (métier lié à l’éducation) en CDD veut devenir enseignant, l’éducation nationale ayant besoin d’enseignants la veille pour le lendemain, elle écarte d’office les potentiels candidats capés qui sont en CDD en considérant qu’il y a forcément une période préavis.
Ainsi dans les recrutements d’urgence aujourd’hui, parmi les futurs profils qui souhaitent devenir enseignants et qui ont la formation mais pas forcément le concours, le système préfère soit des vacataires, soit des sans-emplois. La pénurie d’enseignants est liée aux défaillances de ce système de recrutement, ainsi qu’à la non-évolutivité du métier. Entre la difficulté de changer d’académie, le manque de pratique durant les études pour devenir enseignant avant d’entrer dans le grand bain (une année de stage), mais aussi les nombreuses bascules avec une instabilité dans l’emploi (certains professeurs sont baladés d’établissement en établissement pour quelques heures par semaines, le plus souvent ce sont les débutants, ou ceux qui ne veulent pas s’impliquer devant une classe ), c’est tout un système qui est à la déroute et qu’il faut revoir en urgence. Il faut d'urgence une direction des ressources humaines.
7. Associer la réflexion sur la carte scolaire à celle sur la carte du logement. Le défaut de mixité sociale est un fléau qui rend inévitable les difficultés pour faire apprendre, tout comme la violence à l’école. Il n’est plus possible de mener une réforme de la carte scolaire sans la rendre indissociable d’une nouvelle politique du logement. Les élus locaux doivent maîtriser l’affectation des logements sociaux en respectant une logique de quotas pour permettre dans les quartiers une meilleure mixité sociale, seul moyen de retrouver efficacement cette mixité à l’école.
8. Valorisation des filières d’apprentissage ainsi que les passerelles avec la filière générale. Le collège unique n’a pas permis d’effacer les inégalités sociales en matière de réussite scolaire. Sa mise en place en 1975 a accompagné une période de montée du chômage, de crise économique et sociale qui a perduré. Pour autant, les préjugés sont légions dès lors qu’un enfant exprime son souhait de ne pas suivre une filière générale. Les filières d’apprentissage sont considérées comme des filières d’échec ou de relégation. Pour approcher du modèle suisse (deux lycéens sur trois se tournent vers l’apprentissage), il faut revoir l’orientation des jeunes au moment du collège et davantage associer l’entreprise au parcours du jeune qui choisit cette filière. Pour cela il faut privilégier le fléchage vers les CFA et développer encore plus ceux-ci plutôt que vers les lycées professionnels qui côtoient moins régulièrement le monde de l’entreprise.
Ce chantier global est absolument nécessaire car notre école républicaine est incontestablement en péril. Il est urgent de remettre la figure du maire, élu le plus proche du terrain, au centre de la résolution des problèmes de société et de laïcité. L’uniforme peut être un bon moyen de favoriser la mixité sociale et prévenir tout débat vestimentaire ou religieux. La scolarisation des enfants handicapés doit devenir une priorité nationale. Il faut revaloriser massivement la fonction d’AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap), du point de vue des salaires et du statut. La mise en place d’un programme d’éducation artistique et culturelle ambitieux et la valorisation des filières d’apprentissage doivent permettre de remettre la notion d’excellence au cœur de notre politique éducative. C’est aussi le meilleur moyen de lutter contre l’obscurantisme et l’ignorance en développant la pensée critique et en élevant chaque élève vers un objectif de réussite qui lui donne un sentiment de dignité.
Enfin, le directeur d’école doit aussi pouvoir devenir un vrai chef d’équipe, pour accompagner de manière plus autonome et décisionnaire les projets et les enseignants : des enseignants qui souffrent de la pesanteur bureaucratique de l’éducation nationale, que ce soit en termes de recrutement ou de résolution des conflits.
Une société digne de ce nom est une société qui transmet et qui œuvre pour ses enfants : agissons !