Raphaëlle ROSA - témoignage d'une campagne législative.

Âgée de 19 ans, Raphaëlle Rosa est étudiante en licence de droit. En 2022, à peine majeure, elle brigue simultanément un siège de députée, sous l'étiquette Les Républicains, dans la 8e circonscription de Moselle et l'examen du bac. Elle nous raconte son aventure : 

C’est en Mars 2022 que toute l’aventure des législatives commença, par un simple mail adressé à Fabien Di Filippo, alors député sortant de la 4ème circonscription de Moselle. L’idée de demander une investiture pour une telle élection me trottait dans la tête depuis quelques mois. Cependant, mon jeune âge faisait que j’avais qu’il était presque impossible que je puisse me présenter. C’est donc, avec un peu d’audace et beaucoup d’insouciance, que je demandai l’investiture du parti Les Républicains. Quelques semaines plus tard, le 29 Mars 2022, j'ai reçu le coup de fil qui allait changer mon année. Ma candidature avait été retenue par la Commission Nationale d’Investiture. J’étais donc la candidate des Républicains pour la 8ème circonscription de Moselle. Ma maman a été la première au courant. Je me souviens encore de sa voix dans le téléphone, elle semblait terrifiée par la montagne de travail que j’allais devoir fournir, par les coups que j’allais devoir encaisser mais aussi les ragots qui allaient envahir les couloirs de mon lycée.  La première chose à faire, était de choisir mon suppléant, après beaucoup de réflexion, je me suis dit qu’il fallait marquer les esprits, avec des visages jeunes qui reflètent en quelques sortes, une politique nouvelle, avec des thématiques qui nous touchent particulièrement, comme l’éducation, l’écologie ou encore la facilité des transports. Je me suis légitimement posé la question de me tourner vers quelqu’un de plus expérimenté que moi. Mais mon slogan « Le pari de la jeunesse », ne devait pas seulement représenter le candidat. Je me devais de rester droite dans mes convictions, de définir une ligne claire. C’est pour cela que j'ai choisi Kévin Schweitzer, de seulement quelques années mon aîné. Pendant toute la campagne, j’ai pu compter sur son soutien afin d’encadrer les militants qui m’aidaient sur le terrain.  C’est après la défaite du parti dès le premier tour des élections présidentielles que les choses ont commencé à se compliquer. En plus de ne pouvoir compter que sur les deux maires LR de la circonscription, l’élimination de Valérie Pécresse a alors servi d’excuse pour me demander d’abandonner l’investiture. Les prétextes étaient tout trouvés : j’allais essuyer de lourdes pertes financières et sortir d’une expérience qui me fragiliserait pour la suite de ma carrière. Malgré les mises en garde, une seule chose comptait pour moi, rester en accord avec mes principes et mes valeurs. L’abandon n’existe pas chez moi, j’allais me battre jusqu'au bout, qu’importe les avis des élus du département, qu’importe les bruits de couloir, qu’importe les rivalités.  C’est alors que mon équipe de campagne commença à se former peu à peu avec un directeur de campagne, un chargé de communication et un mandataire financier. Cette aventure n’a pas seulement été un travail d’équipe avec des militants du parti. Mes parents en avaient fait une affaire familiale, tout était organisé au millimètre près. Malgré l’orientation politique de mes parents, différentes de la mienne, leur soutien était infaillible.  Mon jeune âge a fait que j’ai très rapidement été infantilisée par mes adversaires. J’étais la mascotte de cette élection, une jeune fille qui n’a même pas son bac, qui prétendait à la députation. Malgré ce que mes concurrents pouvaient dire sur moi, je n’étais pas prête à me laisser impressionner. J’ai prévu beaucoup de scénarios lors de cette campagne, mais je n’aurais jamais pensé avoir autant de coups bas de la part d’élus du parti me faisant la morale après la campagne.  Je ne peux pas omettre le fait que la campagne combinée aux épreuves du BAC n’étaient pas compliquées. Mon emploi du temps était renouvelé chaque jour en fonction du travail que je devais fournir afin d’être performante sur les deux fronts. Heureusement, j’ai pu compter sur le soutien de mes parents, de mon copain ou de mes amis pour m’épauler dans une période tout aussi stimulante qu’éprouvante. De plus, le parti n’aidait pas forcément à trouver les solutions, le don a mis plusieurs mois à arriver, ce qui a causé des retards dans la rémunération des prestataires que j’avais engagés alors que ma crédibilité était en jeu.  C’est alors que Florence Portelli est arrivée. Un beau matin, j’ai reçu un message de sa part, m’indiquant qu’elle souhaitait me soutenir. Je voyais enfin la lumière au bout du tunnel après toutes les péripéties que je venais de subir. Faisant la route depuis Taverny pour me rendre visite en Moselle et découvrir ma circonscription, c’est avec un immense plaisir que je lui fis découvrir une partie de ma région natale. Encore aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir compter sur elle n’importe quand lorsque je ne sais pas quel chemin emprunter en politique.  Les médias ont également été énormément présents lors de cette campagne. En tant que plus jeune candidate de France, sur une circonscription penchant plutôt pour l’extrême droite et issue d’une famille de gauche ; les journalistes appréciaient me demander si je me sentais réellement légitime à assumer ce rôle. Les réseaux sociaux ont également été un lieu privilégié pour les messages déplaisants. Beaucoup me confiaient qu’ils n’étaient pas étonnants que je reçoive des messages de la sorte parce que j’étais une jeune femme sur le devant de la scène. D’autres se demandaient comment j’avais pu obtenir l’investiture d’un grand parti du haut de mes 18 ans. J’ai même entendu que des liens de parenté avec certaines grosses têtes du parti…  Néanmoins, je suis allée au bout de mon projet et la défaite dès le premier tour n’était pas une surprise pour moi. Une campagne pour les élections législatives à 18 ans n’est jamais anodine surtout dans une circonscription délicate. Mais toutes ces rencontres m’ont enrichie, cette expérience m’a armée. Je suis heureuse d’avoir eu le courage de réussir ce défi que je m’étais lancée !